Extrait :
Il n'y a que la seule volonté, que j'expérimente en moi être si grande, que je ne conçois point l'idée d'aucune autre plus ample et plus étendue : en sorte que c'est elle principalement qui me fait connaître que je porte l'image et la ressemblance de Dieu. Car, encore qu'elle soit incomparablement plus grande dans Dieu, que dans moi, soit à raison de la connaissance et de la puissance, qui s'y trouvant jointes la rendent plus ferme et plus efficace, soit à raison de l'objet, d'autant qu'elle se porte et s'étend infiniment à plus de choses ; elle ne me semble pas toutefois plus grande, si je la considère formellement et précisément en elle-même. Car elle consiste seulement en ce que nous pouvons faire une chose, ou ne la faire pas (c'est à dire affirmer ou nier, poursuivre ou fuir), ou plutôt seulement en ce que, pour affirmer ou nier, poursuivre ou fuir les choses que l'entendement nous propose, nous agissons en telle sorte que nous ne sentons point qu'aucune force extérieure nous y contraigne.
René DESCARTES, Méditations métaphysiques, IV, dans Œuvres et lettres, La Pléiade, 1953, p. 305.
Questions :
1. Qu'apprend l'expérience de notre volonté selon Descartes ?
2. Commentez la concession du premier paragraphe : qu'est-ce qui distingue l'exercice de la volonté "formellement et précisément en elle-même", de l'exercice de la volonté en général ?
3. Comment Descartes définit-il le sentiment de choisir librement ?
4. Quelle est la conséquence de cette définition ?
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